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Psycho

Troubles psychiatriques au cours des maladies auto-immunes

Le système immunitaire a pour fonction de défendre l’organisme contre les agressions extérieures et de tolérer ses propres constituants. Les maladies auto-immunes surviennent lorsque le système immunitaire ne tolère plus ses propres constituants, qu’il se dérègle et qu’il agresse alors l’organisme, occasionnant des lésions des tissus et des cellules.

Ces maladies évoluent de façon chronique avec des phases de poussées entrecoupées de phases de rémission.

Elles sont classées en deux groupes :

  • Les maladies auto-immunes spécifiques d’organes : le système immunitaire attaque les cellules spécifiques d’un organe donné (le cerveau dans la sclérose en plaques ou les cellules du pancréas dans le diabète) ;
  • Les maladies auto-immunes non spécifiques d’organes, appelées maladies de système : le système immunitaire attaque des antigènes qui sont communs à toutes les cellules du corps, c’est le cas dans le Lupus par exemple où les lésions peuvent concerner en même temps la peau, les reins, les articulations, le cerveau ou encore les muscles.

On dénombre 81 maladies auto-immunes, parmi les plus connues, on peut citer le Diabète de type I, le Lupus Erythémateux Systémique, la polyarthrite rhumatoide, la sclérose en plaques, le Syndrome de Gougerot Sjogren, la sclérodermie, les thyroidites, la connectivite.

Leur prévalence ( c’est-à-dire le nombre de personnes affectées par rapport à la population totale) est de 4,5% mais elle est en augmentation constante. Ces maladies touchent plus fréquemment les femmes.

Quelles sont les causes des maladies auto-immunes ?

Les maladies auto-immunes sont d’origine multifactorielle, ce qui signifie qu’elles sont déclenchées par l’association de plusieurs facteurs. Outre une prédisposition génétique et une susceptibilité individuelle, il existe également des facteurs internes et environnementaux : les hormones, une inflammation chronique, les UV, certaines infections virales ou bactériennes.

Comment se fait le diagnostic ?

Le diagnostic repose sur des éléments cliniques et biologiques. Certains symptômes permettent d’évoquer une maladie auto-immune. Les bilans immunologiques (recherche de certains anticorps dans le sang ou de perturbations de certains paramètres biologiques) permettent de confirmer le diagnostic. Parfois le recours à des examens d’imagerie (IRM dans la sclérose en plaques) ou la recherche de certains gènes (HLA B27 dans la spondylarthrite ankylosante) est nécessaire.

Quels sont les traitements des maladies auto-immunes?

Les traitements permettent de réduire la réponse immunitaire et l’inflammation. Ils contrôlent les poussées et les manifestations cliniques de la maladie.

  • Les immunosuppresseurs : ils suppriment la réponse réaction immunitaire. Ils associent habituellement la corticothérapie et d’autres molécules comme la cyclophosphamide, le méthotrexate, l’azathioprine ou la ciclosporine.
  • Les échanges plasmatiques (plasmaphérèse) : qui consiste à filtrer le sang des patients, de sorte à retenir les anticorps et à réinjecter les globules blancs et rouges.
  • Les immunoglobulines : ce sont des anticorps qui sont obtenus à partir du sang de donneurs sains. Elles sont administrées sous formes de perfusions intraveineuses et elles agissent en neutralisant en partie les anticorps anormaux produits par l’organisme des patients.

Quelles sont les troubles psychiatriques que l’on retrouve dans les maladies auto-immunes ?

Les troubles psychiatriques sont fréquents dans les maladies auto-immunes, notamment dans le Lupus, la Polyarthrite Rhumatoïde ou encore la sclérodermie. Leur prévalence reste très variable d’une maladie auto-immune à l’autre. Ces troubles psychiatriques peuvent se manifester à n’importe quel stade de la maladie, ils peuvent même parfois l’inaugurer et en constituer le premier symptôme. Le trouble le plus fréquent est la dépression, mais on peut retrouver toutes les pathologies psychiatriques à des fréquences variables, que ce soit les altérations cognitives (troubles de l’attention, de la concentration), les troubles anxieux, des troubles de l’humeur comme la maladie bipolaire ou encore les troubles psychotiques.

Les troubles psychiatriques dans les maladies auto-immunes sont généralement dus à des mécanismes de la maladie auto-immune elle-même qui agissent directement sur le cerveau.

Il y a d’une part une production de certains médiateurs de l’inflammation qui vont entrainer une perturbation de la production de certains neurotransmetteurs (le taux élevé d’interferon alpha dans le lupus par exemple va entrainer une baisse de la sérotonine dans le cerveau ce qui va être à l’origine de syndromes dépressifs). D’autre part, les anticorps produits lors dans maladies auto-immunes vont attaquer certaines zones et cellules cérébrales, ce qui va également modifier la production des neurotransmetteurs.

Cependant, les troubles psychiatriques, notamment les troubles anxieux et la dépression, peuvent également être liés à une réaction psychologique à la maladie auto-immune qui est une maladie chronique pouvant occasionner douleurs physiques importantes voire des handicaps, ou être l’effet secondaire de la corticothérapie qui est un traitement de référence des maladies auto-immunes et qui peut également entrainer des troubles de l’humeur.

Quel est le traitement de ces troubles psychiatriques ?

Il est important de différencier les atteintes psychiatriques qui sont liées à la maladie auto-immune elle-même, de celles qui sont secondaires au fait de souffrir d’une maladie chronique invalidante (dépression et anxiété), mais aussi de celles qui sont secondaires à un traitement par corticoïdes, ou encore de celles qui étaient déjà préexistantes à la maladie, car le traitement diffère en fonction de la cause.

Pour cela, il est important que le diagnostic puisse résulter d’une concertation entre le psychiatre et le médecin qui prend en charge votre maladie auto-immune.

Lorsqu’il est établi que les troubles psychiatriques sont dus à la maladie auto-immune, le traitement est celui de la maladie auto-immune elle-même.

Il peut être parfois nécessaire d’y adjoindre d’autres traitements comme les anxiolytiques ou les antidépresseurs ou les régulateurs de l’humeur lorsqu’il s’agit d’un trouble dépressif par exemple.

Une prise en charge psychothérapeutique peut également être indiquée : thérapie cognitive et comportementale, psychoéducation, thérapies brèves, thérapies basées sur la pleine conscience.

Ces manifestations psychiatriques régressent généralement après le traitement.

A qui s’adresser ?

Au médecin spécialiste de votre maladie : les patients atteints de maladies auto-immunes sont souvent pris en charge dans un service hospitalier spécialisé. En France, il existe pour chaque région des services labellisés par le plan maladies rares comme des « Centre de référence ou de compétences régionaux sur les maladies systémiques et auto-immunes » coordonnés autour de centres de référence. Cependant, en fonction de la maladie, certains peuvent être suivis en rhumatologie (comme pour la polyarthrite rhumatoïde), en dermatologie (pour la sclérodermie), en endocrinologie (pour les thyroïdites) ou par d’autres spécialistes. Il est important d’évoquer les symptômes psychiatriques avec le spécialiste qui prend en charge votre maladie auto-immune afin qu’il puisse vous orienter soit vers un psychologue, soit vers un psychiatre rattaché au service de soins si vous êtes pris en charge dans un service hospitalier, soit vers un Centre Médico-Psychologique, soit vers un psychiatre libéral si vous êtes déjà suivi.

La liste des centres « maladies systémiques et auto-immunes » est disponible sur internet. Ces centres de références travaillent souvent en collaboration avec des psychologues ou des psychiatres et peuvent vous conseiller et vous orienter.

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