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Méditer, c’est s’arrêter, ressentir, observer et laisser les choses être telles qu’elles sont.
Inscrite depuis des millénaires au cœur de la philosophie bouddhiste, la méditation de pleine conscience a été importée dans le monde de la psychothérapie il y a quelques années. Elle est de plus en plus utilisée dans le soin de la souffrance physique ou psychique et son intérêt a été validé scientifiquement dans de nombreuses indications.
Quelles sont les différences entre méditation et relaxation ? Entre méditation et hypnose ? Comment faire ses premiers pas en méditation de pleine conscience ? Que peut m’apporter cette approche ? Et pourquoi tant de personnes disent que la méditation a changé leur vie ?
Cet ouvrage propose des réponses claires et concises ainsi que des exercices simples à ceux qui souhaitent expérimenter la pleine conscience.
Notre esprit bavarde continuellement : il conceptualise à propos du présent, rumine par rapport au passé, s’inquiète par rapport à l’avenir… Il est rarement pleinement présent à ce qui se passe ici et maintenant. Il fonctionne essentiellement sur le mode « faire », c’est-à-dire le mode de l’analyse critique, du jugement, de la comparaison, dont le but est de résoudre les problèmes que nous rencontrons.
Le mode « faire » a une forte propension à automatiser notre vie en instaurant des habitudes. Ce que nous appelons le « pilote automatique », c’est le processus qui s’enclenche spontanément dans tous ces moments où nous sommes présents physiquement mais absents mentalement, indisponibles parce que nous ruminons nos soucis. Du fait de nos apprentissages, de nombreuses actions peuvent être accomplies de façon machinale, sans effort particulier d’attention. Nous réalisons chaque jour des tâches complexes (comme le fait de s’habiller) avec facilité et sans que cela ne consomme une partie importante de notre puissance cérébrale. Employé au service de nos besoins, ce phénomène est utile car il nous permet d’être rapides, efficaces et de faire plusieurs choses à la fois. Mais lorsque nous nous appuyons sur nos habitudes, cela alimente le réflexe de prendre les choses pour acquises et de passer en pilote automatique : les préoccupations du moment prennent alors notre esprit en otage. La conduite automobile est souvent prise comme exemple : remarquez comme il est fréquent de nous absorber dans nos pensées, presque malgré nous, lorsque nous sommes au volant. Et lorsque nous arrivons à destination, nous serions bien incapables de décrire ce qui s’est passé pendant le trajet. De la même manière, nous pouvons facilement perdre le contrôle conscient de notre pilote automatique, moment après moment. Et tandis que nous ressassons nos difficultés, que nous abandonnons le présent pour le passé ou le futur, nous passons à côté d’une bonne part de notre vie. On en vient vite à manger, conduire, travailler, penser, sans avoir clairement conscience de ce qu’on fait. Ainsi, nos habitudes peuvent prendre insidieusement le contrôle de notre vie… »
« Le mode « être » ou mode « pleine conscience »
A l’opposé du mode « faire » existe le mode « être », dont la méditation de pleine conscience est la porte d’accès. En cultivant notre capacité à revenir dans l’instant présent, nous nous offrons la possibilité d’avoir plus de liberté et de choix. Car le mode « être » répond point par point aux problèmes que crée le mode « faire » (cf. tableau 1 en fin de chapitre).
Le mode « être » implique de rétablir le contact avec nos sens. C’est un mode de connaissance entièrement différent du mode « faire », comme cela est illustré dans l’exercice de la tache aveugle qui va suivre… »
« Est-ce que tout le monde est capable de méditer ?
Le mode « être » est l’état naturel des enfants en bas âge : ils vivent pleinement toute expérience, avec curiosité, sans se faire un dialogue interne sur leur vécu. Car avant d’être pensées, les choses sont expérimentées directement par nos sens. D’instinct, nous accompagnons les enfants dans cette découverte sensorielle du monde, en les encourageant à être attentifs aux saveurs du chocolat chaud le matin, à la sensation du sable sur la peau, au craquement des feuilles sèches sous nos pas en automne, au parfum des fleurs, à la façon dont évolue un insecte dans l’herbe…
Lorsque nous grandissons, nous acquérons des automatismes et notre pensée analytique et critique se développe. Puis nous sommes emportés dans la course perpétuelle induite par notre mode de vie moderne. Et peu à peu, le mode « faire » éclipse le mode « être ».
Bien que négligé, le mode « être » est une disposition naturelle présente en chacun de nous et depuis toujours. La méditation de pleine conscience permet de renouer avec celle-ci et de la développer. Méditer n’est donc pas une question de capacité mais une question de volonté… »
« Sur un plan psychothérapique, gardons à l’esprit que ce n’est pas tant ce qui nous arrive que la manière dont nous y réagissons qui détermine notre mal-être. Lorsque nous devons faire face à une situation véritablement difficile, que la confusion, l’angoisse et la tendance à vouloir agir impulsivement nous envahissent, il est opportun de nous arrêter pour observer. En effet, notre capacité à choisir correctement notre réponse dépend avant tout de notre conscience momentanée de ce qui est demandé. Afin d’expliciter cette démarche basée sur la pleine conscience, nous proposons ci-après une série de questions à se poser dans un ordre structuré… »