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Psycho

L’insomnie

Il existe deux types d’insomnie selon la classification internationale des troubles du sommeil. La première s’appelle insomnie aiguë transitoire, c’est-à-dire qu’elle se répète au moins trois nuits par semaine, dure moins d’un mois et ne va pas perdurer dans le temps. Elle consiste en une difficulté à s’endormir le soir (temps d’endormissement supérieur à 20 minutes) et/ou des réveils nocturnes et/ou des réveils plus précoces le matin. En plus des symptômes nocturnes, on retrouve des symptômes diurnes, c’est-à-dire qui surviennent la journée, comme une fatigue ou une somnolence excessive. La perturbation de sommeil survient malgré une opportunité et des circonstances de sommeil adéquates. Les difficultés de sommeil ne doivent pas être en lien avec la prise d’une substance toxique. La seconde se nomme insomnie chronique, elle reprend les mêmes critères que l’insomnie aiguë sauf qu’elle dure plus de trois mois.

En France, 1/3 de la population a déjà souffert d’une insomnie aiguë transitoire au cours de sa vie et 10% souffrent d’une insomnie chronique.

L’insomnie est deux fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes et a tendance à augmenter avec l’âge. La prévalence de l’insomnie est également plus importante chez un sujet dont les membres de sa famille sont insomniaques par rapport à la population générale.

L’insomnie, quelles sont les conséquences ?

Les conséquences de l’insomnie sont nombreuses avec en premier lieu une altération de la qualité de vie notamment à cause de l’absentéisme, de la diminution de la concentration et de l’efficacité dans la vie de tous les jours et au travail ainsi que de la majoration du risque d’accident de la route.

Des études ont prouvé que dormir moins de 6 heures par nuit entraine un risque plus élevé d’hypertension artérielle, de diabète de type 2 et de dépression. Cela provoque aussi une prise de poids car moins nous dormons la nuit, plus nous sécrétons de la ghréline (hormone de l’appétit) la journée. Chez l’enfant, l’hormone de croissance est sécrétée en partie durant la nuit, donc un enfant insomniaque est un enfant qui présente un risque de retard de croissance plus important au cours de son développement.

L’insomnie, d’où ça vient ?

Ne plus réussir à dormir n’est pas lié à une seule cause. L’insomnie est multifactorielle, c’est-à-dire qu’il existe plusieurs facteurs qui contribuent à l’apparition et à la pérennisation du trouble.

Tout d’abord, il existe des facteurs prédisposants qui nous rendent « vulnérables » à la maladie, en d’autres termes qui augmentent le risque de développer un jour la maladie. On retrouve des facteurs génétiques, les personnalités anxieuses, l’histoire personnelle et familiale ainsi que l’éducation.

Ensuite, intervient le facteur précipitant c’est-à-dire l’évènement extérieur qui va déclencher l’insomnie. Cet évènement est le plus souvent un évènement stressant ou générant une détresse émotionnelle chez l’individu (séparation, décès, préoccupations excessives, …).

Si ces facteurs durent dans le temps ou se répètent, d’autres facteurs comportementaux et cognitifs vont apparaître. C’est ce que l’on appelle des facteurs pérennisants, efficaces sur le court terme mais responsables du cercle vicieux de l’insomnie chronique. Parmi ces facteurs, on retrouve en premier lieu des mauvaises habitudes comportementales (se coucher plus tôt, rester longtemps dans le lit, faire des longues siestes la journée) et des fausses croyances concernant l’insomnie. De nombreuses pensées erronées apparaissent en effet au moment de s’endormir « je sens que je ne vais encore pas réussir à dormir », « cette fois il faut absolument que je dorme sinon je serai fatigué demain ». Toutes ces ruminations envoient des signaux d’éveil au cerveau. Ce dernier ne va donc pas donner l’ordre de s’endormir, on parle alors d’un « hyperéveil » responsable du maintien de l’insomnie dans le temps.

L’insomnie, comment la diagnostiquer ?

L’insomnie est un diagnostic clinique, c’est-à-dire qu’il ne nécessite aucun examen complémentaire. Un entretien avec votre médecin suffit pour qu’il pose le diagnostic. Il est utile de remplir un agenda du sommeil avant d’aller consulter. Il s’agit d’un outil où le patient doit tous les matins remplir ses heures de coucher et de lever. Cela permet au médecin d’avoir une vue d’ensemble sur les heures de sommeil au cours des deux dernières semaines. Un questionnaire appelé index de sévérité de l’insomnie permet aussi d’évaluer la sévérité de ce trouble en tenant compte de la fréquence de la plainte et de l’ampleur du retentissement diurne.

Si le trouble persiste et devient résistant aux médicaments ou si votre médecin suspecte un autre trouble du sommeil, il est utile de réaliser une polysomnographie. Cet examen indolore s’effectue dans un laboratoire du sommeil pendant 24 à 48h d’hospitalisation. Cela consiste en plusieurs appareils qui enregistrent différents signaux tout au long de la nuit. Du point de vue neurologique, un électro-encéphalogramme (EEG) enregistre les ondes du cerveau au cours des différentes phases du sommeil grâce à des électrodes posées entre les cheveux. Il est associé à un électro-oculogramme (EOG), électrodes placées de chaque côté des yeux, qui enregistre les mouvements oculaires et à un électro-myogramme (EMG) qui détecte les mouvements du menton et des jambes. Cela permet de vérifier qu’il n’y ait pas de mouvements anormaux au cours de la nuit et de s’assurer que les phases du sommeil s’enchainent sans anomalies. Du point de vue pneumologique, des sangles thoraciques et abdominales sont mises en place pour enregistrer les mouvements du thorax et de l’abdomen. A cela s’ajoute une canule nasale, c’est-à-dire un capteur placé sous le nez pour enregistrer le flux d’air qui en sort. Cela permet de détecter d’éventuelles apnées du sommeil, des pauses respiratoires, qui pourraient causer des réveils nocturnes et pérenniser l’insomnie.

L’insomnie, et rien d’autre ?

L’insomnie est un trouble à part entière qui évolue comme nous l’avons vu précédemment pour son propre compte. Cependant ce trouble est souvent associé à d’autres pathologies : on parle alors de comorbidités. Les premières comorbidités de l’insomnie sont les pathologies psychiatriques (épisode dépressif, trouble bipolaire, schizophrénie, autisme, trouble anxieux). On retrouve ensuite la prise de médicaments (stimulants, corticoïdes, bêtabloquants, etc.). Il existe des comorbidités physiques comme les reflux gastro-œsophagiens ou les douleurs en général. Enfin certains troubles spécifiques du sommeil sont souvent retrouvés avec l’insomnie comme le syndrome d’apnée du sommeil et le syndrome des jambes sans repos.

Il existe différentes manières de prendre en charge l’insomnie mais avant cela, il convient de respecter des règles d’hygiène de sommeil élémentaires. Par exemple il est conseillé de ne pas faire de sport en soirée (en effet le corps doit être à une température ambiante pour s’endormir et le sport augmente la température corporelle). Il vaut mieux ne pas utiliser les écrans (ordinateurs, tablettes, smartphones) trop tard le soir car la lumière bleue perturbe la sécrétion naturelle de mélatonine (hormone produite par le cerveau qui enclenche le sommeil). Du point de vue alimentaire, il est recommandé d’éviter les repas trop riches en calories et la prise d’alcool en trop grande quantité (bien que l’alcool aide à s’endormir, il provoque une déshydratation et des réveils nocturnes qui fragmentent le sommeil). Si l’on doit faire une sieste en journée, il faut la limiter à 20min. Si l’insomnie est associée à une comorbidité, il faut soigner le trouble comorbide avant de prendre en charge l’insomnie.

S’il s’agit d’une insomnie aiguë transitoire avec un facteur précipitant bien identifié, des médicaments hypnotiques, les benzodiazépines ou apparentés par exemple, peuvent être utilisés. Ces thérapeutiques doivent être prescrits par votre médecin pour une durée limitée de 4 semaines et devront être arrêtés de manière progressive. Tout arrêt brutal risque d’entraîner une recrudescence d’insomnie. D’autres molécules existent comme la mélatonine en comprimés mais son maniement requiert souvent l’intervention d’un médecin psychiatre spécialiste.

S’il s’agit d’une insomnie chronique, c’est-à-dire depuis plus de trois mois, les médicaments n’ont plus d’indication. Il convient alors de prendre en charge le trouble par des techniques de psychothérapies cognitivo-comportementales. Dans un premier temps, il s’agit de mettre en place des mesures comportementales comme la restriction du temps passé au lit (on ne se mettra au lit que pour dormir au moment où les signes du sommeil apparaissent) et le contrôle du stimulus (on va apprendre à reconnaître les signes d’endormissement comme les bâillements, les clignements des yeux et la fatigue). Dans un second temps, la thérapie s’occupe des anomalies cognitives c’est-à-dire des pensées parasites responsables de l’hyperéveil. Différentes techniques peuvent être utilisées comme la méditation pleine conscience, l’hypnose ou la relaxation.

Voir aussi l’article: Sommeil, Rythmes biologiques et Troubles bipolaires

Pour aller plus loin:

Agenda du sommeil :

https://www.reseau-morphee.fr/wp-content/uploads/2009/01/agenda_2p.pdf

Index de sévérité de l’insomnie:

http://www.cets.ulaval.ca/sites/cets.ulaval.ca/files/insomnie.pdf

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