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Psycho

Les Troubles des Conduites Alimentaires (TCA)

Les préoccupations centrées sur la silhouette et le poids sont extrêmement répandues dans notre société. Qui peut assurer qu’il n’a jamais commencé un régime dans sa vie ou qu’il n’y a jamais pensé? En effet, la minceur est volontiers synonyme de beauté, de jeunesse, de santé, de maîtrise de soi, de réussite sociale… Pour tout un ensemble de raisons – dont la moindre n’est pas l’influence des médias – les premières victimes de ce stéréotype sont les femmes, en particulier les adolescentes et les jeunes adultes. Ainsi, l’insatisfaction corporelle et les efforts de restriction alimentaire sont malheureusement courants. Et bien qu’ils ne constituent pas en soi un diagnostic de trouble des conduites alimentaires, ces signes doivent cependant alerter.

Comment repérer les troubles des conduites alimentaires (TCA)?

Les troubles des conduites alimentaires se caractérisent par des perturbations graves du comportement alimentaire.

Quelques questions simples peuvent aider à les repérer :

  1. Vous faites-vous vomir parce que vous vous sentez mal d’avoir trop mangé ?
  2. Vous inquiétez-vous d’avoir perdu le contrôle de ce que vous mangez ?
  3. Avez-vous perdu plus de 6 kg dans les derniers 3 mois ?
  4. Avez-vous pris plus de 6 kg dans les derniers 3 mois ?
  5. Pensez-vous que vous êtes gros(se) alors que d’autres vous trouvent trop mince ?
  6. Diriez-vous que la nourriture domine votre vie ?

Si vous (ou une personne de votre entourage) avez répondu « oui » à au moins 2 questions, nous vous invitons à approfondir le sujet en continuant la lecture.

L’anorexie mentale

L’anorexie mentale se caractérise par le refus de maintenir le poids corporel à une valeur minimum normale.

Ce diagnostic concerne typiquement les adolescentes et repose sur la classique triade symptomatique (les « 3A ») :

  • Anorexie (restriction alimentaire volontaire) ;
  • Amaigrissement (poids de dénutrition) ;
  • Aménorrhée (absence de règles chez les femmes post-pubères).

En outre, il existe une peur intense de prendre du poids ainsi qu’une altération significative de la perception du poids ou de la forme de son propre corps.

La personne souffrant d’anorexie lutte activement contre la faim. Certaines y parviennent de façon continue (type restrictif) ; d’autres sont parfois sujettes à des crises de boulimie qu’elles vont compenser par des vomissements provoqués ou la prise de purgatifs (laxatifs, diurétiques, lavements). Le sport à outrance et l’hyper-investissement intellectuel sont des conduites fréquemment associées.

Plus de 90 % des cas d’anorexie mentale touchent les femmes ; il s’agit d’une maladie qui affecte 0,5 % des femmes au cours de leur vie (à l’adolescence en particulier).

La boulimie

La boulimie se caractérise par des épisodes répétés de crises de boulimie, suivies de comportements compensatoires inappropriés tels que des vomissements provoqués, l’emploi abusif de laxatifs, diurétiques ou autres médicaments, le jeûne ou des exercices physiques excessifs. Les individus boulimiques conservent un poids normal.

Une crise de boulimie se définit comme l’absorption, en une période de temps limitée, d’une importante quantité de nourriture avec un fort sentiment de perte de contrôle.

Plus de 90 % des cas de boulimie touchent les femmes ; il s’agit d’une maladie qui affecte 1 à 3 % des femmes au cours de leur vie (à l’adolescence ou à l’entrée dans l’âge adulte en particulier).

L’hyperphagie boulimique (« Binge-eating disorder ») se caractérise par des épisodes récurrents de crise de boulimie, en l’absence d’un recours régulier aux comportements compensatoires inappropriés caractéristiques de la boulimie. Les individus souffrant d’hyperphagie boulimique présentent un surpoids ou une obésité.

Cette maladie serait plus fréquente que la boulimie et toucherait autant les hommes que les femmes.

Tableau de synthèse des 3 troubles présentés ci-dessus

Dans le tableau ci-dessous apparaissent de manière synthétique les trois principaux diagnostics : anorexie mentale, boulimie et hyperphagie boulimique.

Les causes de ces troubles des conduites alimentaires (TCA)

Les troubles des conduites alimentaires sont multidéterminés, c’est-à-dire qu’ils sont liés à l’interaction de multiples facteurs : biologiques, psychologiques et environnementaux. C’est ce qui rend d’ailleurs leur traitement extrêmement complexe. Il est donc vain de chercher un coupable (dans l’entourage familial par exemple) ou une explication unique de la maladie.

Sur le plan psychologique, deux dimensions sont incontournables :

  • l’axe alimentaire : les patients gèrent leur alimentation en fonction de règles alimentaires, de croyances, et non en tenant compte de leurs sensations alimentaires (notion de restriction cognitive) ;
  • l’axe émotionnel : les patients présentent des difficultés à gérer ou tolérer les émotions.

D’autres dimensions sont essentielles pour comprendre ces pathologies comme les troubles de la perception de l’image du corps (dysmorphophobie), la mauvaise estime de soi, le manque d’affirmation de soi, le perfectionnisme…

Les conséquences {#consequence .title}

Les conséquences de la dénutrition sont multiples. Elles sont à la fois d’ordre somatique (physique) et psychobiologique.

  • Les conséquences physiques : troubles gastro-intestinaux , vertiges et maux de tête, faiblesse musculaire, oedèmes, perte de cheveux, peau sèche , hypertrichose (excès de développement des poils), bradycardie (ralentissement du rythme cardiaque), hypothermie, hypotension, hypoglycémies, troubles menstruels (aménorrhée (perte des règles), dysménorrhée (règles irrégulières)), ostéoporose, troubles de la vue, acouphènes (bruits dans les oreilles).
  • Les conséquences psychobiologiques : augmentation de la faim, crises de boulimie, baisse de libido, insomnies, apathie (perte/absence de motivation) et retrait social, troubles de la concentration et de la mémoire, troubles de l’image du corps, anxiété et dépression, irritabilité et colère, baisse de l’estime de soi.

Les complications secondaires aux vomissements sont l’hypertrophie des glandes salivaires (parotides), l’érosion irréversible de l’émail dentaire, des lésions de l’estomac et de l’œsophage… Il existe un risque de déshydratation et de troubles du rythme cardiaque du fait de la perte de potassium.

D’une manière générale, les troubles des conduites alimentaires sont des troubles envahissants qui accaparent toute l’énergie et qui éloignent de ce qui est important pour soi.

La prise en charge thérapeutique

Il est souvent nécessaire d’assurer une double prise en charge d’emblée. Il convient d’intervenir tant au niveau psychiatrique pour traiter le trouble qu’au niveau somatique pour assurer la sécurité de la patiente (ou du patient).

L’hospitalisation s’impose dans certaines situations comme un amaigrissement important et rapide, des vomissements incoercibles, la mise en jeu du pronostic vital (troubles métaboliques, cardiaques, etc.)…

En pédopsychiatrie, le modèle dominant actuellement est celui du contrat de poids c’est-à-dire la reprise progressive d’activités et de contact avec l’extérieur en fonction de l’évolution du poids.

La place des traitements médicamenteux est limitée car sans efficacité directe sur les TCA. Les traitements antidépresseurs et anxiolytiques peuvent être d’un secours ponctuel.

L’abord psychothérapique est indispensable ; les thérapies familiales ainsi que les thérapies cognitives et comportementales sont particulièrement recommandées.

L’association Française pour le Développement des Approches Spécialisées des Troubles du Comportement Alimentaire (AFDAS-TCA) :

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