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Condition Féminine

LES ENFANTS CARENCES MENTENT EN MATIERE D’AGRESSIONS SEXUELLES : UNE THEORIE FRAUDULEUSE

Outreau nous aurait appris que les enfants carencés peuvent inventer des agressions sexuelles.

Cette prétendue nouvelle donnée de la psychologie infantile fait partie de l’ensemble des théories fumeuses et scandaleusement « anti-victimaires » qui contaminent les approches des professionnels au sujet de la parole de l’enfant. Non seulement cette affirmation ne repose sur aucune recherche scientifique ni sur aucun constat objectif, mais elle a été élaborée et justifiée à partir d’une vérité frelatée : celle des enfants d’Outreau.

Or les enfants, de cette sordide l’affaire, sont d’authentiques victimes reconnues par la justice. En effet, contrairement à la propagande médiatique sur le soi-disant mensonge des enfants d’Outreau, 12 enfants ont été reconnus victimes définitivement et indemnisés comme telles. (3 enfants sur 15 n’ont pas maintenu leurs accusations au procès en appel, dans un contexte de pression et de maltraitance psychologiques décrit par Chérif Delay dans son ouvrage « Je suis debout »)

La mystification d’Outreau : les enfants victimes sont devenus des coupables

Les enfants ont progressivement disparu en tant que victimes présumées puis avérées du traitement médiatique de cette affaire. Tout l’espace victimaire était occupé par les adultes qui ont exposé, durant les procès « Téléréalité », leur souffrance devant les caméras. Ils sont devenus les victimes en lieu et place des enfants dans un contexte où l’hypnose traumatique d’identification aux accusés a tué toute réflexion rationnelle. Symétriquement, les enfants ne pouvant incarner leur souffrance à l’image, sont devenus des êtres éminemment dangereux, et ils ont été, de manière absurde, désignés « coupables de substitution », en compagnie des professionnels qui avaient pris en compte leur parole.

Par ailleurs, la majorité des personnes que les enfants dénonçaient ayant été acquittées, leur crédibilité a été balayée au niveau de la dénonciation des personnes mais également au niveau de la dénonciation des faits de viols. Leur statut de victime judiciairement reconnu, a été bel et bien été rayé de l’espace médiatique et donc de la connaissance du public voire des professionnels et ce d’autant plus que leur représentant légal, le Président du Conseil Général du Pas de Calais n’a pas communiqué sur le verdict. Pourtant lors de l’instruction, 2 experts, puis 5 nouveaux experts au moment des procès d’assises, avaient validé leur parole et authentifié les retentissements traumatiques liés aux viols à l’aide d’une méthodologie affinée par la recherche en victimologie et l’expérience. Mais un expert psychiatre mandaté par les avocats de la défense a évoqué la notion de mensonge dans un contexte de carence affective sans avoir examiné les enfants, pour justifier leurs accusations.

La propagation de cette théorie frauduleuse

Cet expert « privé » n’étant pas tenu à l’obligation de réserve des 7 mandatés par la Justice, a donc pu répandre, dans la presse écrite et audiovisuelle, une pseudo théorie psychologique indispensable à la défense pour justifier ses demandes d’acquittement. Par ailleurs, un grand nombre de journalistes relayant les avocats de la défense des acquittés mais aussi certains d’entre eux, continuent de nier le statut de victime des enfants d’Outreau. Comme il n’existe pas de protection juridique permettant de poursuivre les diffamateurs des victimes, cette contre-vérité peut être renforcée constamment par tous ceux qui ont intérêt au maintien des «acquis » d’Outreau. Depuis 6 ans, elle fournit le référentiel qui permet de douter définitivement de toute révélation d’enfant concernant les agressions sexuelles pour peu que l’on puisse évoquer la carence affective.

Pourquoi cela marche si bien ?

Le postulat sur « la carence affective génératrice de dénonciations mensongères » est très exploitable car il permet brouiller les repères de tout un chacun. En effet, ce ne sont pas « nos » enfants- qui ne sont pas carencés cela va de soi- qui pourraient inventer des fellations et des sodomies qui, comme chacun sait, sort du champ des ancrages cognitifs du jeune enfant.

Mais paradoxalement, les enfants carencés – donc fragilisés et vulnérables- développeraient un potentiel particulier – diabolique et pervers – susceptible comme à Outreau, de dérouter les méthodologies des experts et celles des policiers et des magistrats et de maintenir les mêmes révélations durant 5 ans. L’on voit à quel point cette théorie défie le bon sens par son absurdité et son invraisemblance.
Dans la réalité il s’avère que sur les centaines d’enfants carencés en placement familial, un certain nombre d’entre eux se livrent à des révélations de maltraitance. Ce n’est pas parce que ils sont carencés affectivement – il y aurait donc tout autant de révélations si c’était le cas – mais parce qu’ils ont retrouvé la sécurité et les repères de la normalité. C’est d’ ailleurs dans ce contexte là qu’à Outreau, les 4 enfants de la première famille incriminée ont dénoncé les viols.

Il faut noter que le SAP/ AP (LHT) a fait bon ménage avec cette théorie frauduleuse de la carence affective puisqu’il a été prétendu que ces 4 enfants avaient été influencés par leur mère alors qu’ils étaient placés depuis 1an. Pour justifier les révélations des autres enfants placés dans le contexte de l’instruction, il a été prétendu que c’est la carence affective provoquée par le déracinement familial qui aurait amené les enfants à inventer… mais aussi l’influence des assistantes maternelles.

Conclusion

Il est urgent de mettre fin à l’utilisation délétère de ce  » référentiel Outreau » en prenant en compte tout simplement la vérité judiciaire objective des enfants victimes d’Outreau. En effet, la théorie frauduleuse de la carence affective génératrice d’invention d’agressions sexuelles est issue d’une vérité frelatée voire abusée. Avec le SAP -auquel elle peut être associée- cette pseudo théorie inscrit le doute sur les révélations des enfants victimes d’agressions sexuelles que l’on pourra estimer « carencés affectivement ». Revenons donc aux acquis de la psychologie et de la victimologie infantile qui étaient ceux d’avant ce référentiel Outreau qui s’avère être responsable d’une régression catastrophique quant à la protection des enfants dans le domaine de la pédo-criminalité.

Références

  • Marie Christine Gryson-Dejehansart : « Outreau la vérité abusée », Paris, Hugo et cie, 2005.
  • Chérif Delay et Serge Garde : « Je suis debout », Paris, le Cherche Midi, 2011.

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