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Tout le monde en France a certainement entendu parler des CUMP par les médias. Mais qui sait réellement ce dont il s’agit, et comment elles travaillent ?
Les Cellules d’Urgence Médico-Psychologiques (CUMP) n’existent en France que depuis 1997. Elles ont été créées à la suite de la vague d’attentats terroristes qui secoua cette période.
Composées uniquement de professionnels (psychiatres, psychologues et infirmiers spécialisés en psychiatrie), elles vont intervenir à l’occasion de catastrophes accidentelles ou naturelles, d’attentats ou de prises d’otages. Tous les professionnels qui vont y intervenir ont accepté de figurer sur une liste (départementale) de volontaires et d’être spécifiquement formés à ce type d’intervention. Ils savent qu’ils sont susceptibles d’être appelés à n’importe quel moment. C’est le SAMU en accord avec le psychiatre qui coordonne la CUMP qui va « déclencher » la CUMP. Tous les professionnels intervenant seront alors appelés pour une intervention.
Les CUMP ne sont sollicitées que pour des catastrophes ou accidents impliquant en grand nombre de victimes ou lorsque des répercussions psychologiques importantes sont à craindre.
Comme pour les SAMU, il n’existe qu’une CUMP par département. Son fonctionnement fait partie de celui du SAMU. Sur le lieu de la catastrophe, l’action de la CUMP s’inscrit dans des schémas d’intervention rigoureusement définis. Elle va être immédiate même si l’essentiel de l’intervention se prolongera ensuite dans les heures, les jours, voire les semaines qui suivent l’événement. Lorsque la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique intervient sur les lieux de la catastrophe, elle peut le faire au sein d’un « PUMP » (Poste d’Urgence Médico-Psychologique) mais également si besoin est, sur tous les lieux de l’accident où sa présence est nécessaire. Les professionnels intervenant sont alors aisément repérables par le port de chasubles spécifiques. Même si elle intervient dans la période qui suit l’accident, la CUMP n’a en revanche pas vocation à assurer les suivis sur de plus longs termes.
Son action sur place
Elle va avant tout évaluer la situation, effectuer un tri entre les différentes situations, repérer les sujets à risque, informer et rassurer. Une note d’information est distribuée à toutes les personnes présentes sur les lieux. Elle reprend les principaux symptômes susceptibles de survenir au décours d’un événement traumatique et toutes les coordonnées des soins.
Certaines manifestations de stress aigu peuvent nécessiter une prise en charge immédiate, psychothérapique, médicamenteuse, voire un transfert vers un hôpital.
Le médecin coordinateur peut également être amené à participer à une éventuelle cellule de crise.
Son action dans les heures et les jours qui suivent
Une permanence 24H est mise en place afin que tous les « impliqués » (c’est-à-dire toutes les personnes concernées, blessées ou non) puissent bénéficier sans délai d’une consultation spécialisée. Les interventions de « débriefings psychologiques » (voir la définition et les modalités en bas de texte) individuelles ou en groupes sont souvent utilisées.
On sait en effet que la précocité d’une intervention thérapeutique est essentielle pour prévenir l’apparition d’un état de stress post-traumatique (ESPT) qui peut être une pathologie sévère.
De plus, certaines manifestations précoces vont nécessiter une prise en charge soutenue. Il sera nécessaire également de veiller à assurer le relais avec la prise en charge ultérieure (CMP, psychiatre libéral).
Les CUMP participent aussi au soutien et aux débriefings des sauveteurs. Beaucoup d’études ont montré la fréquence de survenue d’un état de stress post-traumatique (ESPT) et surtout d’un burn-out chez les sauveteurs.
Enfin, certaines situations particulièrement tragiques sont émotionnellement très éprouvantes même pour les « psys » de la CUMP. Eux-mêmes bénéficient d’un débriefing à l’issue d’une intervention. De même, il convient d’organiser des formations et des exercices sur le terrain si l’on veut disposer d’une équipe très bien formée à cette pratique.
Qu’est-ce que le « débriefing psychologique » si souvent évoqué par les médias ?
Il s’agit d’une intervention thérapeutique, issue de la psychiatrie militaire, utilisée dans les jours qui suivent l’évènement traumatique, avec un double objectif : soulager la détresse émotionnelle et éviter l’apparition d’un ESPT (Etat de Stress Post-Traumatique).
En pratique elle consiste à faire verbaliser le récit de l’évènement aux personnes directement impliquées. La reconstitution chronologique et très détaillée des faits permet de dissiper le sentiment de confusion qui est très fréquent. Souvent, les victimes n’ont que des souvenirs parcellaires des faits et ont besoin de comprendre ce qui s’est passé, de donner un sens à l’évènement. Qui plus est, dans ces moments d’angoisse intense, les repères temporels sont souvent très perturbés.
Au-delà de ce récit factuel, particulièrement précieux lorsqu’il s’élabore au sein d’un groupe de personnes qui ont vécu ensemble l’évènement, les victimes et témoins sont encouragés à exprimer comment ils ont vécu l’évènement, c’est-à-dire les pensées qui leur ont traversé l’esprit au moment de l’évènement ainsi que les émotions qu’ils ont pu ressentir. Ceci permet une mise à distance des émotions et favorise les processus de mentalisation.
Cette technique a fait l’objet d’un véritable engouement de la part des médias. Si elle provoque indéniablement un apaisement à court terme, il n’est pas encore totalement démontré qu’elle soit efficace pour prévenir à plus long terme l’apparition d’un ESPT. Des consultations individuelles doivent pouvoir la compléter.
Pour aller plus loin :
Il existe une association très active qui regroupe la quasi totalité des CUMP de France, l’AFORCUMP