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La pédophilie est recensée parmi les paraphilies.
Sont considérés comme pédophiles les adolescents ou les adultes qui se sentent attirés sexuellement par des enfants qui n’ont pas atteint la puberté. La pédophilie existe dans tous les milieux socio-culturels, en France comme dans n’importe quel autre pays.
Un autre diagnostic peut présenter une clinique pouvant paraître similaire mais qui ne l’est pas : le Trouble Obsessionnel Compulsif. Nous pouvons citer l’exemple d’une personne qui présente des obsessions à caractère sexuel concernant des enfants, associées ou non à des conduites d’évitement comme le fait de ne pas s’approcher des écoles. Ces obsessions peuvent ne pas être associées à une attirance sexuelle envers les enfants, s’inscrivant alors dans un trouble obsessionnel compulsif. La distinction entre pédophilie et trouble obsessionnel compulsif est difficile et nécessite l’avis d’un psychiatre ; les prises en charge proposées ensuite seront très différentes ( pour la prise en charge des TOC, voir la rubrique dédiée sur le site).
Ce qui est autorisé, ce qui est interdit
Aucun fantasme n’est puni par la loi. En revanche tout acte sexuel impliquant des mineurs de moins de 15 ans est interdit. Cet interdit concerne à la fois les rapports sexuels et aussi tout geste ou propos à caractère sexuel ou dans le but de séduire. La production et la consommation de pédopornographie sont également interdites car elles constituent une forme d’exploitation des enfants, les enfants y figurant étant de fait victimes de violences sexuelles.
Pédophilie et violences sexuelles sur enfants
Toutes les personnes présentant une pédophilie ne passent pas à l’acte sur des enfants et tout passage à l’acte sur des enfants n’est pas forcément en lien avec une pédophilie. En effet, une agression sexuelle ou un viol commis sur un mineur de moins de 15 ans peuvent être sous tendus par d’autres mécanismes qu’une fantasmatique pédophilique, et notamment des processus plus criminologiques.
Pourquoi en parler ?
Les victimes sont nombreuses. Nous relèverons quelques chiffres : en moyenne 1 fille sur 3 et 1 garçon sur 5 auraient été victimes de violences sexuelles avant l’âge de 18 ans, 1 victime sur 2 qui aurait été agressée dans l’enfance aurait tenté de se suicider.
Du côté des individus présentant une pédophilie, cette problématique engendre bien souvent de la honte et un isolement social important tant il est difficile de confier ces difficultés à quelqu’un.
Enfin, la souffrance provoquée et vécue ne peut rester sans réponse et une prise en charge pour tous est importante.
Les principes généraux de soin sont les mêmes pour la pédophilie que pour les autres paraphilies.
Où peut-on être pris en charge pour ces problématiques ?
- En milieu ouvert (C.M.P., psychiatre libéral, psychologue libéral) à la demande du patient. La consultation spontanée est alors motivée par la détresse ressentie et/ou les problèmes que la paraphilie engendre pour l’entourage ;
- En milieu ouvert, dans le cadre de soins pénalement ordonnés suite à une condamnation (obligations ou injonctions de soins) ;
- En détention, lorsque les personnes présentant une paraphilie ont été condamnées pour des faits commis, en lien ou non avec une paraphilie.
Thérapies proposées
Les objectifs définis en début de thérapie sont souvent de pouvoir contrôler les fantasmes et les comportements paraphiliques et de penser autrement sa sexualité afin de pouvoir s’y épanouir de façon adaptée.
Les différentes thérapies proposées sont multiples et dépendent de nombreux critères : type de paraphilie, lieu de consultation, pratiques et formations des professionnels, etc.
Nous pourrons ici citer quelques grands axes de prise en charge :
- Les psychothérapies : Thérapies Cognitivo Comportementales (T.C.C.), thérapies d’inspiration psycho-dynamique, prise en charge sexologique… Elles peuvent être proposées sous forme de prise en charge individuelle ou groupage.
- Médicamenteuses : les traitements d’aide à la maitrise pulsionnelle. Il existe plusieurs traitements disponibles, dont les indications restent très précises et limitées. On notera certains antidépresseurs à posologie élevée qui peuvent limiter la dimension compulsive et la libido, ou l’hormonothérapie, appelée dans le langage courant « castration chimique ». Ce terme en donne une image faussée. En effet, celui de « castration » renvoie à une destruction totale des organes reproducteurs s’il l’on prend la définition courante, ce qui n’est pas le cas de ces traitements, dont les effets sont réversibles. De plus, il est important de noter que l’indication pour de tels traitements concerne peu d’individus et nécessite un bilan somatique. Bien sûr, ils ne peuvent être prescrits sans l’accord du patient.
En conclusion
Comme nous l’avons dit plus haut, la question de la souffrance est centrale et venir consulter constitue un premier pas vers une prise en charge, que ce soit de l’individu concerné ou des victimes.
Tout comme le personnage de Gilles de Rais qui va nous servir de guide tout au long de ce livre, la violence fascine et effraie à la fois. La maladie mentale, elle aussi nous trouble et nous dérange. Serait-il possible que ces malades, que nous ne connaissons et donc ne comprenons pas, puissent être dangereux pour nous et pour eux-mêmes ? L’amalgame entre violence et pathologie mentale est encore trop fréquent. Et les malades pointés du doigt. Ces préjugés sont lourds à porter et durs à combattre. Ils stigmatisent et isolent plus encore les personnes souffrant de maladies psychiques.
Dans ce nouveau livre de la collection Savoir pour guérir, un psychiatre va essayer de répondre aux questions que l’on peut se poser sur les relations entre violence et maladies mentales. Certains passages à l’acte sont-ils associés à des maladies psychiques, physiques, ou bien à des troubles de la personnalité ? Que nous apprend la psychiatrie sur les comportements pervers et les paraphilies ? Et que peut faire le psychiatre pour nous aider à comprendre et à prévenir la violence physique et psychique ? Telles sont les questions que Jean-Baptiste Causin va aborder avec nous dans son ouvrage.