Aujourd’hui, j’ai franchi un cap dans ma vie de yogini : j’ai assisté à un cours de Strala, le « Yoga hype » fraîchement débarqué de US et dont la créatrice, Tara Stiles, n’est autre qu’une ex-mannequin filiforme et tout sourire de l’agence Ford. C’est dire si on est loin de l’Ashram de Pattabhi Jois ! Oui mais…
La première fois que j’ai entendu parler du Strala Yoga, j’ai eu un peu la frousse : pas vraiment d’alignements, zéro exercices de respiration (ou très peu), musique plein-pot… J’ai pensé « du Yoga sans Yoga quoi », et le Yoga sans Yoga, c’est un peu comme un steak tartare sans steak*. Puis j’ai fini par me dire que ma réaction était juste celle d’une prof de Yoga conditionnée par le Yoga qu’on lui avait appris en Inde (et ailleurs) alors qu’elle-même passait son temps à parler de déconditionnement à ses élèves. Ironique.
Du coup, je me suis dit qu’il était peut-être temps d’aller vérifier par moi même. Je me suis donc rendue cet après-midi Boulevard des Capucines chez Yoga Village, assister au cours de la pétillante Hermine Prunier, aka The Prune– dont je suivais déjà les aventures sur les réseaux sociaux et qui, par sa bonne humeur contagieuse, me donnait très envie de dérouler mon tapis à ses côtés.
Avant de commencer le cours, Hermine a pris le temps de nous expliquer que le but du Strala était de se faire plaisir, que nous étions par conséquent libres de prendre les variations que nous souhaitons dans les postures proposées, de bouger avec la musique si l’inspiration venait. Et surtout, de nous focaliser sur les sensations, car c’était cela le plus important. Tiens, le Strala a tout de même un mantra d’ouverture : kiffer sa pratique… C’est donc tout naturellement ce que j’ai fait 🙂
Et pour cause, nous étions bien pris en charge : entre deux chiens tête en bas, Hermine n’a jamais manqué de nous rappeler que nous pouvions bouger dans les postures et nous laisser aller sur la musique. Ce qui était très plaisant – car oui, il y a Warrior et Warrior sur Beyoncé, deux choses très différentes !
J’ai réellement apprécié cette latitude dans la pratique, qui en elle-même s’apparente d’ailleurs beaucoup au Vinyasa – frénésie de Chaturanga en moins. Très souvent, quand je pratique pour moi et que je mets de la musique, je ne peux pas m’empêcher de « déborder » sur mon Yoga, là où l’Ashtanga et l’Iyengar par exemple n’accordent aucune liberté. C’était donc très agréable de découvrir un cours où l’on ne se prend pas la tête, où le plaisir prend le pas sur la discipline – même si on est d’accord que l’un a besoin de l’autre pour être transcendé.
Si je devais vraiment reprocher quelque chose au Strala : ce serait l’absence de Salutations au Soleil au début du cours, échauffement indispensable à mes yeux pour pratiquer ensuite les postures. Encore la yogini conditionnée qui parle ? Mais aussi que cette liberté dans les mouvements peut représenter un risque de blessure pour un débutant qui n’a pas encore conscience de son corps, je doute toutefois que cela arrive souvent.
Au final, le Strala est un Yoga accessible, fun, énergique, qu’il faut à tout prix défaire de ses clichés. Et pour cela, je vous recommande le cours d’Hermine, qui incarne parfaitement cet esprit yogi-décomplexé –avec en prime un don pour concocter des playlist très cool et vous faire bouger dessus avec le smile.
* allégorie nulle à ch*** d’autant que je suis végétarienne mais depuis le jour où ma mère a lancé ça à un serveur de Buffalo Grill qui lui disait regretter ne plus avoir d’œuf pour son steak tartare, « un steak tartare sans steak tant que vous y êtes ! », ça m’a marqué.