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Psycho

Le trouble borderline

Le trouble borderline est un trouble de la personnalité très fréquent. Sur 100 personnes, il est estimé que 6 souffriront de ce trouble en population générale, et jusqu’à 20 si l’on se place dans un service de psychiatrie. Ce trouble est associé à une souffrance existentielle considérable. En outre, ces personnes ont un risque accru de souffrir de dépression, d’anxiété, d’addiction, ou de troubles du comportement alimentaire à un moment de leur vie. Il s’agit du trouble le plus associé à la survenue d’idées de suicide et de comportements suicidaires, stratégies de dernier recours pour éviter la souffrance ressentie.

Qu’est-ce que le trouble borderline ? Les 4 grandes dimensions du trouble borderline

On rapporte 4 grandes dimensions à ce trouble :

  1. La dysrégulation émotionnelle, c’est-à-dire la difficulté à réguler ses émotions. Les personnes borderlines sont très sensibles. Elles présentent un seuil d’activation bas des émotions, une intensité émotionnelle importante, et un lent retour à la ligne de base. Un petit évènement va les affecter, et ceci va prendre des proportions importantes. Ce qui va contribuer à des niveaux de tensions émotionnelles plutôt élevées chez les personnes borderlines au cours d’une journée. La colère est une émotion ressentie en particulier de façon fréquente, et intense. On retrouve aussi un sentiment chronique de vide et une perturbation de l’identité. Ces personnes rapportent l’impression d’être comme un coquille vide, un pull inhabité. Il s’agit d’une difficulté à identifier qui elles sont, ce qu’elles aiment, ce qu’elles veulent faire de leur vie. La tendance à se coller à la perception et aux attentes des autres pour orienter leurs actions.
    Ainsi, selon le DSM 5 qui est un manuel de référence pour tous les professionnels de santé et pour les psychiatres en particulier, 4 critères appartiennent à cette dimension :

    • Instabilité affective due à une réactivité marquée de l’humeur.
    • Perturbation de l’identité : instabilité de l’image, de la notion de soi.
    • Sentiment chronique de vide.
    • Colère intenses et inappropriées, ou difficulté à contrôler sa colère.
  2. L’impulsivité est le fait qu’il y ait peu de temps entre le moment où la personne a une expérience interne (comme une pensée ou une émotion), et le moment où elle passe à l’acte. C’est-à-dire que face à une tension émotionnelle, un inconfort interne, la personne borderline va avoir tendance à mettre en place une action qui va la soulager très rapidement (une action qui va décharger sa tension émotionnelle), mais qui n’est pas efficace pour sa vie, qui ne prend pas soin d’elle sur le long terme Exemple : fumer des joints ou boire de l’alcool pour diminuer sa tension, faire des crises de boulimie, tenir des propos blessants auprès d’une personne importante pour soi sur un coup de tête (« mes mots dépassent mes pensées »), voire se scarifier ou faire une tentative de suicide. Tous ces comportements ont la même fonction : éviter la souffrance le plus rapidement possible, trouver une sortie de secours rapidement. Le problème des sorties de secours est qu’elles nous amènent rarement là où nous aurions souhaité.

    Ainsi, selon le DSM 5, 2 critères appartiennent à cette dimension :

    • Impulsivité dans au moins 2 domaines potentiellement dommageables pour le sujet (dépenses, sexualité, toxico…) ;
    • Répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires, ou d’auto-mutilations.
  3. Les difficultés dans les relations interpersonnelles, c’est-à-dire les relations à autrui
    Les personnes borderlines fonctionnent généralement en tout ou rien, blanc ou noir. On parle de « fonctionnement dichotomique ». Elles vont avoir tendance à être hyper-entière dans les relations, à s’investir rapidement, et pleinement (voire trop). La relation nouvellement investie est généralement idéalisée. Et comme, au fur et à mesure du temps, l’autre ne répond pas à ses attentes, la personne borderline va devoir faire face à la déception. La relation va souvent être intense et instable, marquée par une alternance entre idéalisation de la relation, et dévalorisation. On retrouve également une peur intense de l’abandon, c’est-à-dire que les personnes investies affectivement s’éloignent de soi, rompent la relation. Ceci peut conduire à des comportements excessifs de réassurance, la tendance à tester les limites de la relation, voire des comportements pour se faire aimer de l’autre au détriment du respect de soi. Ainsi, selon le DSM 5, 2 critères appartiennent à cette dimension :

    • Efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginés ;
    • Modes de relations interpersonnelles instables et intenses.
  4. Une 4ème dimension, à mettre en lien avec la dysrégulation émotionnelle : la survenue, dans des situations de stress intense, de symptômes dissociatifs, c’est-à-dire de perte de contact transitoire avec la réalité. Ceci peut se manifester, pour la personne borderline, par l’impression que les autres lui en veulent ou lui veulent du mal, l’impression d’être dans un rêve éveillé ou en dehors de mon corps, des distorsions temporelles, des hallucinations, ou encore l’impression que certaines parties de soi ne lui appartiennent pas ou l’impression d’avoir plusieurs identités
    Ainsi, selon le DSM 5, le critère faisant référence à cette dimension est :

    • Survenue transitoire dans des situations de stress d’une idéation persécutoire ou de symptômes dissociatifs sévères.

De fait, au sein de ces 4 grandes dimensions, on retrouve 9 critères qui constituent le trouble borderline :

  1. Instabilité affective due à une réactivité marquée de l’humeur.
  2. Perturbation de l’identité : instabilité de l’image, de la notion de soi ;
  3. Sentiment chronique de vide ;
  4. Colère intenses et inappropriées, ou difficulté à contrôler sa colère ;
  5. Impulsivité dans au moins 2 domaines potentiellement dommageables pour le sujet (dépenses, sexualité, toxico…) ;
  6. Répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires, ou d’auto-mutilations ;
  7. Efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginés ;
  8. Modes de relations interpersonnelles instables et intenses ;
  9. Survenue transitoire dans des situations de stress d’une idéation persécutoire ou de symptômes dissociatifs sévères.

Ce ne sont pas les seuls critères, mais ce sont ceux qui sont utilisés par les médecins pour poser le diagnostic. Pour poser le diagnostic de trouble borderline, il faut remplir 5 critères sur 9.

Comment prendre en charge le trouble borderline ?

Malgré un intérêt croissant de la communauté scientifique pour ce trouble (publications scientifiques sur ce trouble en nombre exponentiel : si on en dénombrait 1500 au début des années 90, elles sont, en 2017, au nombre de 8000!), la proposition de soins spécialisés pour ces personnes est quasi inexistante en France. C’est ainsi que les personnes borderlines errent fréquemment entre consultations auprès de divers professionnels médicaux et paramédicaux, lectures et stages en développement personnel, afin de parvenir à découvrir les clés d’un mieux-être. Cependant, l’efficacité durable des réponses apportées est rarement au rendez-vous…

Le Dr Déborah Ducasse et Véronique Brand-Arpon (CHU de Montpellier, équipe du Pr Philippe Courtet) ont mis en place et coordonnent, depuis plusieurs années, une filière d’évaluation et de soins spécialisée dans le trouble borderline, qui apparaît comme référente sur le territoire français. Le programme de soins, comportant 2 séances par semaine pendant 6 mois, délivre les compétences centrales issues de deux thérapies validées : la thérapie comportementale dialectique (TCD) et la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT). Au cours de ce programme, le patient est amené à améliorer sa régulation des émotions, apprendre à faire des choix utiles pour sa vie et diminuer les comportements impulsifs, développer des relations à autrui épanouissantes et gérer les relations difficiles, et donner un sens à sa vie.

Ce sont des stratégies qui sont expliquées, pas à pas, dans le livre « Borderline : cahier pratique de thérapie à domicile » (Editions Odile Jacob), auteurs, Dr Déborah Ducasse et Véronique Brand-Arpon. Ce livre permet de suivre, à domicile, de façon guidée et pas à pas, le programme délivré en centre spécialisé. Il apparaît comme une alternative innovante pour faire face à la rareté de cette prise en charge spécialisée sur le territoire national.

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